MOYEN ÂGE (2)
SAINT HUBERT

Le cerf est assimilé au Christ depuis le III ème siècle. Il apparaît dans la vie des saints à de nombreuses reprises : St Edern (Bretagne), Ste Hélidie (Puy de Dôme), Ste Begge (Wallonie) ...

Mais l'apothéose vient avec la conversion de St Hubert (ancien évêque de Liège), au temps des mérovingiens en 683.

Son histoire a plusieurs variantes, je vous en propose une.

Hubert, fils de Bertrand, duc d'Aquitaine et arrière-petit-fils de Clovis était en l'an 683 un seigneur célèbre dans toute la Gaule par son intelligence, sa richesse et sa bonté. Il était âgé de vingt-huit ans et jouissait d'une renommée des plus flatteuses et d'une santé superbe. Il avait un visage loyal, ouvert et souriant. Ayant delaissé la Neustrie où la corruption des grands lui causait souci et offense, il passait ses jours en Ardenne, chez son parent, Pepin d'Heristal, comme lui puissant seigneur et maire du palais des rois Austrasie.

On ne connaissait à Hubert qu'une passion vive, irrésistible, furieuse: la chasse. A part cela, peut-être à cause de cela, car la chasse le tenait éloigne des inévitables et ordinaires querelles, il avait une grande réputation de sagesse. Pourtant il ne pratiquait aucune religion, étant, certes, trop occupé de vénerie pour adorer aucun dieu. Il avait completement oublié l'enseignement très chrétien reçu de sa tante, sainte Ode, qui lui servit de préceptrice, car la princesse Hugberne, sa mere, était morte en le mettant au monde.

Un jour d'hiver, Hubert partit a cheval pour la chasse, dès les premières lueurs de l'aurore. C'etait le jour de la fête de la Nativite de Notre Seigneur. Du givre était épandu sur les arbres; du brouillard flottait au creux des vallons; quelques flocons de neige tombaient. Et comme il commençait à chasser, un cerf dix-cors, entièrement blanc, d'une taille extraordinaire, bondit d'un fourre et s'élança devant lui, l'entrainant dans les profondeurs de la forêt où le galop de son cheval le poursuivit. Après plusieurs heures, le cerf ne montrait toujours aucune fatigue alors que Hubert était rompu. Pourtant la course folle continua.

Saint HubertSoudain, il s'arrêta net. Dans une vision de lumière, Hubert vit entre les bois du cerf l'image du Crucifié et il entendit une voix qui lui disait :
- Hubert ! Hubert ! Jusqu'à quand poursuivras-tu les bêtes dans les forêts ? Jusqu'à quand cette vaine passion te fera-t-elle oublier le salut de ton Ame ?
Hubert, saisi d'effroi, se jeta à terre et, comme Saint Paul, il interrogea la vision :
- Seigneur ! Que faut-il que je fasse ?
- Va donc, reprit la voix, aupres de Lambert, mon evêque, a Maestricht. Convertis-toi. Fais pénitence de tes pêchés, ainsi qu'il te sera enseigné. Voilà ce à quoi tu dois te résoudre pour n'être point damné dans l'éternité. Je te fais confiance, afin que mon Eglise, en ces régions sauvages, soit par toi grandement fortifiée.
Et Hubert de répondre, avec force et enthousiasme:
- Merci, ô Seigneur. Vous avez ma promesse. Je ferai pénitence, puisque vous le voulez. Je saurai en toutes choses me montrer digne de vous!

Hubert, duc et maire du palais des rois d'Austrasie, tint parole. Il se rendit aupres de Lambert, son évêque, qui le reçût avec joie. Il implora sa protection, l'assurant qu'il voulait consacrer a Dieu le reste sa vie commencée dans l'impiété. L'évêque lui donna sa bénédiction en Notre Seigneur Jésus-Christ et le mit sur la voie vertueuse et difficile du salut.

Abandonnant palais et richesses, reconçant à toutes les vanités de ce monde, Hubert se retira à Andage, dans les bois de Chamlon, ou Notre S eigneur s'était montré à lui dans les ramures d'un cerf blanc, sous la forme d'une croix étincellante.

Lambert, évêque de Maestricht, ayant été massacré par des païens, Hubert fut appelé à lui succéder.

Saint-Hubert est depuis le Saint patron des chasseurs (fête le 3 novembre).